Un peu d’histoire

 

Voici quelques faits historiques dont la plupart ont été « piochés » dans l’excellent Petit Fûté consacré à la Route 66. Il s’agit-là d’une synthèse uniquement ; de nombreuses ouvrages et sites web sont disponibles pour compléter votre information.

 

Qu’on se le dise, la route 66 est un mythe. Elle représente à elle toute seule le « rêve américain » : la liberté, la folie des grandeurs, le progrès, un musée à ciel ouvert…

Il faut savoir avant toute chose que le terme « route » est un faux-ami ; en anglais, il signifie « itinéraire » et non pas « route ». Lorsqu’elle traverse des villes ou des villages, la « Route » devient une « street », une « road » et même parfois une « interstate », l’équivalent de nos autoroutes.

 

Comment la route 66 est-elle née ?

Au début du XXème siècle, Henry Ford fait un malheur avec sa Ford T, il en vendra plus de 15 millions dans le monde entier. Un problème majeur se pose alors ;  le réseau routier aux Etats-Unis se limite à des pistes, créées pour la plupart par des Indiens (les « Native Americans ») puis par des pionniers en quête de richesse. Ces routes, tracées sans aucune cohérence, deviennent non seulement impraticables en cas de mauvais temps mais s’apparentent également à un vrai pèlerinage pour tout aventurier désireux de rallier l’ouest américain.

 

C’est donc en 1916 que le président Wilson signe le « Federal Aid Road Act » dont le principal objectif est d’établir les fondements d’une politique nationale des transports. Nous sommes alors en pleine révolution industrielle et la nécessité d’avoir un axe routier est-ouest se fait de plus en plus pressant.

 

En 1921, Cyrus Stevens Avery, un entrepreneur de Tulsa en Oklahoma, est élu à la tête de l’Associated Highways Association of America. Il deviendra le « père » de la Route 66. Cyrus Stevens Avery et quelques autres entrepreneurs sélectionnent en 1925 les villes retenues dans le futur réseau routier fédéral. Un tracé incluant huit états et reliant Chicago à Los Angeles sera donc définitivement adopté à l’automne 1925 et en 1926 le gouvernement américain ratifie l’acte de naissance de l’US Highway 66. Ça y est, notre Route 66 est née !

 

Le revêtement de la route sera achevé en 1937 seulement, chaque état finançant à la hauteur de ses moyens l’entretien du réseau routier. Cette route permettra de relier de nombreuses communes et donc d’acheminer des produits agricoles. Elle sera par ailleurs très empruntée par les convois militaires durant la seconde guerre mondiale. Pour l’anecdote, Bobby Troup rendra la Route 66 très célèbre. Comme beaucoup de ses collègues militaires, il est contraint de rejoindre la Californie  et c’est en chemin qu’il compose « get your kicks on Route 66 », une chanson interprétée par Nat King Cole en 1946 et dont le succès ira bien au-delà des frontières américaines (vidéo ci-contre).

 

La « Mother Road » devient le symbole de la liberté, de la modernité et de la rapidité. A la fin des années 40, des millions d’Américains prennent la direction de la Californie, un état qui offre de très belles perspectives en terme d’emploi. Mais surtout, beaucoup d’entre eux traversent le pays pour fuir une campagne rendue inhospitalière principalement à cause de la sécheresse et des nombreuses tempêtes de sable. Se développent alors des restaurants, des motels, des stations-service, des cafés et des comptoirs d’échanges, bref, autant de services proposés à cette nouvelle vague de « chercheurs d’une vie meilleure ».  Dans les années 50, les Américains migrent vers l’ouest plus seulement pour y chercher du travail mais également pour y passer leurs vacances. C’est l’âge d’or.

 

Le déclin

En 1954, le Président Dwight Eisenhower décide de fonder le « President’s Advisory Committe on a National Highway Program », un vaste programme de construction d’autoroutes sur tout le territoire. Il est définitivement convaincu par l’efficacité du chantier autoroutier lancé par l’Allemagne durant la seconde guerre mondiale. De plus, la Route 66 est devenue trop étroite pour les nouvelles générations de voiture ; en résultent de nombreux accidents mortels.

 

La vieille route sera alors remplacée par l’ « Interstate Highway System » ; les travaux dureront près de 30 ans et feront sortir de terre 68000 km d’Interstates (nos fameuses autoroutes). C’est donc la mort de la Route 66. Williams, en Arizona, est la dernière ville en 1984 à être contournée par une autoroute. Certaines villes, plus chanceuses, bénéficient d’une bretelle d’accès, les autres sont condamnées à devenir des villes fantômes.

La « Mother Road » est officiellement déclassée en 1985 ; elle sera contournée par cinq autoroutes. Son existence aura finalement été très courte, elle n’apparaît d’ailleurs plus sur les cartes routières. Néanmoins de nombreux documents ont été publiés par et pour les passionnés désireux d’emprunter l’itinéraire authentique.

 

Aujourd’hui, 85% du tracé originel est encore praticable. Pour que ce symbole de l’Amérique ne meure pas, des associations ont été créées, des fonds débloqués, une multitude d’ouvrages publiés. L’organisme « World Monuments Fund » estime même que la Route 66 fait partie des 100 monuments historiques les plus menacés au monde.

Sur certains tronçons, la route est signalée par le panneau « Historic 66 » ; pour emprunter les sections les plus longues, il faut se rendre en Arizona et en Californie. Personnellement, nous avons décidé de prendre la route depuis son origine : Chicago.

 

Pourquoi le numéro 66 ?

Elle devait à l’origine porter le numéro 60 conformément à la grille de numérotation en vigueur qui stipule qu’une route suivant l’axe nord-sud porte un numéro impair et que celle allant d’est en ouest ait un numéro pair. Mais des élus de deux états – la Virginie et le Kentucky – ont souhaité garder le numéro 60 pour une de leurs routes, si bien que Cyrus Avery et ses collègues se sont rabattus sur le chiffre 66.

 

Combien d’états traverse-t-elle ?

• Huit au total, ça c’est bien une chose qui n’a pas changé !

• L’Illinois (capitale : Springfield)

• Le Missouri (capitale : Jefferson City)

• Le Kansas (capitale : Topeka)

• L’Oklahoma (capitale : Oklahoma City)

• Le Texas (capitale : Austin)

• Le Nouveau-Mexique (capitale : Santa Fe)

• L’Arizona (capitale : Phoenix)

• La Californie (capitale : Sacramento)

 

Quelle est sa longueur ?

Le tracé de la Route 66 a beaucoup bougé tout au long de sa courte existence. Aujourd’hui, si l’on met de côté le détour effectué jusqu’à Santa Fe (qui faisait du tout premier tracé), on peut considérer que la route couvre 2280 miles soit 3670 km. Son point central se trouve à Adrian au Texas.

 

Les différents noms attribués à la Route 66

 

A sa création, on l’appelle « la grande route diagonale » puis elle deviendra « the main street of America » (la rue principale d’Amérique). John Steinbeck , en 1939 utilisera le terme « Mother Road » dans son œuvre « les raisins de la colère » pour parler de la Route 66. Pour info, ce livre sera adapté au cinéma un an plus tard par John Ford.

 

Nous avons également choisi de conserver l’appellation « mother road » tout au long de notre récit, certainement pour son côté authentique !